Bonjour cher lecteur,
Après plusieurs digressions opportunes, je reviens à mon premier objectif, le décorticage du code d’ePub parfois payé une montagne d’or. Et cette fois-ci, c’est du sérieux, je ne parlerai pas de maison d’édition numérique, qui fait de son mieux à son niveau de nouvel arrivant. Non, je te parlerai d’une grande maison d’édition, qui a les moyens d’une vraie politique numérique progressiste, et les fonds pour t’offrir de la haute qualité. Le livre décortiqué aujourd’hui est la dernière oeuvre de Dan Simmons, un auteur de Science-Fiction et Fantastique que j’adore. Avec ma passion du numérique et la sortie d’un ePub aux éditions Robert Laffont, je ne pouvais que sauter sur ce nouveau roman, et bien sûr l’analyser.
Titre : Drood
Auteur : Dan Simmons
Éditeur : Robert Laffont
Avant de parler du code en lui même, je vais me permettre 3 petits écarts.
Tout d’abord, même si je n’ai pas encore lu l’entièreté du livre, je me permets déjà de le recommander chaudement, un style inimitable qui vous embarque immédiatement dans son monde. Comme à chaque fois devrais-je dire.
Ensuite, premier carton rouge à l’adresse des Éditions Robert Laffont : la présence d’un DRM !
En tant que consommateur averti, ayant vu les déboires des majors du disque, je ne comprends toujours pas l’insistance des éditeurs à affubler nos ePubs d’une contrainte aussi futile que malvenue. En tant que « gros » lecteur et acheteur de livre, je dépasse facilement la limite de 4 transferts vers des supports de lecture différents.
J’ai donc le droit de payer mais pas de consommer comme je le désire ?
Cher Éditeur, sache que cette absurdité qu’est le DRM te rend antipathique aux yeux du lecteur averti, donne un surcoût inutile aux ePubs bien sûr répercuté sur l’acheteur, fait bien rire les pirates qui ont besoin de maximum 30 secondes pour les faire sauter, et éloigne de ton catalogue les clients de demain. Je me permets un conseil : oublie les DRMs, renseigne-toi sur le marquage ou mieux, abandonne toute idée de contrainte de ce genre, ta clientèle n’en sera que plus heureuse et ton banquier itou.
Deuxième carton rouge pour les Éditions Robert Laffont : le prix !
Comment peut-on imaginer que 3 € de moins que la version papier soit un prix cohérent pour la version ePub ? Surtout si celui-ci est entravé d’un DRM, n’a aucune valeur résiduelle (contrairement au livre papier), ne peut-être prêté afin de le faire connaître autour de soi et ne présente pas les critères de qualité adéquats pour un livre numérique ? C’est toi qui favorise le piratage !
Cher Éditeur, le prix actuel de ton ePub est en dehors de la réalité, de l’attente du consommateur. 20,50 € pour la version numérique contre 23,50 € pour la version papier, il y a là une incohérence complète. Où sont passées les économies faites sur les intermédiaires ? (matières premières, impression, distribution, stockage, point de vente…) Cela ne représenterait QUE 3 € ? Bien que naïf, j’ai du mal à le croire. Une question de coût pour l’Éditeur ? Comment le marché américain peut-il vendre les versions ePub 50 % moins cher dès leur sortie simultanée avec les versions papier ?
La peur du phagocytage de la version papier par la version numérique ? Le marché n’est certes pas mature (à qui la faute, n’est-ce pas ?) mais l’ePub est complémentaire pour beaucoup à la version papier. Hors le support physique, ne paye-t-on pas le droit de lire un texte ? Alors pourquoi devrait-on payer une deuxième fois pour le même texte ? Il est vrai qu’à long terme, le papier aura tendance à disparaitre, c’est une évolution « normale », autant t’y préparer dès maintenant et te positionner convenablement dès maintenant. Mais avec des prix pareils, c’est toi qui favorises le piratage.
Troisième carton rouge pour les Éditions Robert Laffont (et leur prestataire numérique) : le code !
Certes le rendu est de bonne facture, le texte et la traduction de haute qualité, je n’ai encore relevé aucun retour de ligne intempestif ou coquille oubliée, preuve du contrôle de qualité effectué par la maison d’édition.
Mais en y regardant de plus près, les soucis commencent à apparaître.
Commençons dans l’ordre, comme à mon habitude. Juste après la couverture, on se trouve avec deux pages blanches. Mais pourquoi me demanderas-tu ? La première est due à un code abscons que je te détaillerai plus loin. La seconde est un reliquat du livre papier, cette page blanche n’a plus rien à faire dans une version numérique. Passons outre, l’adaptation au numérique demande de l’expérience, et celle-ci ne se gagne qu’avec le temps et les erreurs.
La page titre, au premier abord parfaite, perd de sa beauté si on à le malheur de vouloir changer la taille de police. Certes le XXL est impossible à compenser, mais en passant de Small à Medium, le logo et nom de la maison d’édition s’est retrouvé sur la page suivante. Une mise en page fixe qui ne supporte pas la moindre variation. Mais bon, en lecteur passionné, on continue notre aventure.
Attaquons donc le texte, c’est pour ça que nous avons acheté chèrement cet ePub. Comparativement avec nos précédentes lectures, le rendu est assez bon, mais il y a deux choses assez vite gênantes : la marge à droite et pas à gauche, bizarrerie inexplicable, accompagnée d’une absence totale d’espace insécable, on se retrouve donc avec des ponctuations perdues, seules sur une ligne. Les règles de typographie ne s’appliquent donc pas au numérique ?
Dernier détail troublant pour un lecteur numérique, une note de bas de page bien singulière : Les astérisques renvoient aux références citées à la fin de l’ouvrage. N’est-il pas ubuesque à l’heure du numérique de devoir aller feuilleter manuellement une annexe pour trouver les références ? Le numériseur a pourtant connaissance des hyperliens pour les avoir utilisés au moins une fois dans sa vie avec les notes de bas de page…
Mais s’il n’y avait que cela… Ce n’est pas parce que c’est sous le capot que l’on ne doit pas s’inquiéter de la qualité. Et là c’est la grosse surprise. Venant d’une grande maison d’édition, on pourrait s’attendre à un code de qualité, réfléchi et pensé pour le numérique. Que d’illusions !
Morceaux choisis de code d’exception :
- absence totale d’espaces insécables
- pour simuler une ligne vide, le numériseur utilise une lettre et la met en blanc (et cela donne <p xml:lang= »fr » xmlns:xml= »>http://www.w3.org/XML/1998/namespace »>d</p>
- j’en parlais plus haut, le souci de page blanche après la couverture. C’est dû au titre <h1> Couverture </h1> mis également en blanc. Cela ne se lit peut-être pas, mais le code n’est pas dupe, d’où présence d’une page blanche
- l’utilisation d’une classe p.p au lieu de simplement définir la classe p (et éviter ainsi le code <p xml:lang= »fr » xmlns:xml= »http://www.w3.org/XML/1998/namespace »>)
- le définition de la langue du texte à TOUS les paragraphes au lieu d’une fois dans <body> ou <html>
- la création d’une classe italique alors qu’il existe précodé le <i> du bon vieux HTML ou mieux le <em> du XHTML.
- l’utilisation de classes vide un peu partout (span.no-style-override-2 { } )
- la définition de la couleur du texte (noir), au cas ou le eReader essayerait une autre couleur
- la répétition des attributs encore et encore (si après 4 attributs « noir », le eReader ne le sait pas encore…
- code superflu issu de convertisseur automatique ou d’exports mal conçus, comme l’inclusion du texte dans des <div> (résidus du format fixe InDesign ?)
- la police de base à 0,98em. Pourquoi pas 1em puisque tout est lié ?
- L’utilisation d’attribut text-transform: uppercase; pour un texte en majuscule (et de plus cet attribut n’est reconnu pas aucun système à l’heure actuelle)
- plus de 567 lignes de code dans la CSS, répétition de classes, classes vides, classes inutiles, …
- etc, etc, …
Que l’on ne s’y trompe pas, j’adore les livres des Éditions Robert Laffont, ma bibliothèque en est remplie, mais en tant que consommateur, j’attends beaucoup plus de qualité de la part d’une grande et vénérable maison d’édition comme celle-là. Je vais finir par les faire moi-même pour être sur d’avoir de la qualité.
Que la puissance de l’ebook t’offre le monde.