Bonjour cher lecteur,
Me revoici à analyser un code pour ton plus grand plaisir. Je te parlerai aujourd’hui de Vertige, de Frank Thilliez, aux éditions Fleuve Noir. L’ePub a été réalisé par la société Nordcompo, société spécialisée dans les arts graphiques et l’informatique documentaire, la création de eBook semble être une nouvelle corde à leur arc, mais pas leur activité principale.
Mettons-nous tout d’abord à la place du client de base, désireux de découvrir le numérique et ses avantages.
Premier écueil, ce livre est affublé d’un DRM, bonne chance pour l’acquéreur qui ne sait pas à quoi il sera prochainement confronté.
Second écueil, le prix incohérent de la version numérique. Petite réduction d’à peine 15% pour un support dématérialisé, qu’on ne peut ni prêter, ni échanger ni revendre ! L’économie du support physique et autre transport et stockage n’est pas reflétée dans le prix de cette version numérique. Évidement il faut compter le surcoût du DRM, bien que celui-ci soit un non sens absolu et anti-commercial.
Mais bon, si le client à malgré tout décidé de passer ces deux écueils, le voila enfin en possession de son eBook, près à commencer la lecture.
Et la première constatation est bonne, preuve que ce marché et les prestataires non spécialisés commencent enfin à réaliser l’importance d’un rendu convenable. Car oui, le rendu général de cet eBook est acceptable, même s’il y a quelques petits détails à noter.
Commençons par la couverture. Celle-ci est affublée d’une marge supérieure, et d’une marge à gauche. Alors qu’une feuille de style (CSS) spéciale lui est attribuée, rien dans le code n’a été mis en place pour un rendu optimal, dommage.
Ensuite, passons à la page titre. Je dois admettre que c’est du détail, mais je suis là pour pousser les numériseurs à faire plus que du travail convenable.
Cette page titre, flexible comme il se doit en fonction de la taille de l’écran, est malheureusement liée à la largeur de l’écran, et non pas à sa hauteur, donnant les résultats comme montré sur les images ci-dessous. Il est possible d’avoir un positionnement fixe des « morceaux » de cette page, quelque soit la hauteur et la largeur de l’écran avec un code adéquat. J’avais souligné l’excellent rendu de la page titre chez ePagine dernièrement.
Dernier petit détail avant l’analyse du code, les méta-données de l’ePub. En regardant dans Adobe Digital Edition, on pourrait les penser bien faites, mais une fois que l’on décortique celles-ci, on se rend compte de quelque soucis.
Une fois importés dans Calibre, ses manquements et erreurs deviennent visibles : l’auteur qui est « Thilliez Frank & Frank Thilliez », l’absence du numéro ISBN ou de tag de classification.
Je me demande d’ailleurs comment les revendeurs s’en sortent, car leur vie seraient si simple avec des méta-données standardisées mais surtout utilisées.
Dernière méta-donnée que j’apprécie beaucoup mais que personne n’utilise : le résumé du livre. Car le consommateur d’eBook achète souvent sans consommer immédiatement, un résumé du livre disponible dans sa bibliothèque est un petit plus intéressant pour celui-ci. Sans oublier encore une fois les revendeurs qui pourraient en profiter.
Passons maintenant au code.
Comme pour le rendu, on est face à un code « convenable » (entre guillemets car convenable par rapport à d’autres) avec les lacunes habituelles, maintenant des conversions automatisées.
Des balises <div> intempestives, l’absence de balise <h> pour structurer l’ePub et sa table des matières, (et suite à mon article précédent, on peut déjà conclure que la conversion chez Amazon sera assez médiocre), la présence d’une classe inutile dans 80% des balises <p>. Car comme je te l’ai déjà expliqué, la feuille de style (CSS) est là pour cascader au maximum les styles. Au lieu d’utiliser <p class= »txt_courant_justif »>, un simple <p> suffirait avec le transfert des attributs de p. txt_courant_justif dans la balise p.
Il y a encore l’utilisation de la balise <i> en lieu et place de <em> pour mettre en italique. Débat philosophique bien sûr que le choix entre <i> ou <em>, à chacun de se faire son opinion.
On notera la présence d’espaces insécables qui permettent un bon positionnement des signes de ponctuation. (même quelques-uns en trop).
J’ai un petit doute sur la mise en page (chapitre, citation, auteur de citation), d’habitude ce genre de citation est souvent au-dessus du numéro de chapitre, si quelqu’un a la version papier, merci de me confirmer la mise en page d’origine.
Si ce n’était le DRM et le prix, je recommanderais sans soucis la lecture des textes de Fleuve Noir pour le bon rendu, mais tant que l’industrie du livre s’obstinera dans les mêmes travers que l’industrie de la musique, son futur économique restera bien sombre, et Fleuve Noir ne fera pas partie de ma Whitelist.
N’ayant pas eu de réponse à mon tweet de contact, je reste à la disposition de Fleuve Noir s’ils désirent parler de l’amélioration de leur code.
Que la puissance de l’eBook t’offre le monde.
Merci pour ces analyses si importantes. Et ok avec vous pour boycotter les Editeurs qui ne comprennent pas que le DRM décourage un novice sur deux! Et celui qui tente, qui abandonne, ne reviendra plus au numérique, mais….c est peut etre volontaire?
Certains pensent que c’est du protectionnisme forcené du papier. Aucun éditeurs contacté n’a voulu discuté avec moi du pourquoi des DRMs malheureusement. Je pense qu’il y a d’autres explications plausibles : l’obligation contractuelle dans les cas des traductions de livres anlgophones (vérifié auprès de Robert Laffont), la méconnaissances du marché des décisionnaires (les grands groupes qui possèdent toutes ces maisons d’éditions), la « persuasion » des vendeurs de solutions DRMs et la crainte du piratage.
Mais pour moi aucune explication ne justifie la présence de DRMs hors eco-système fermé (Apple et Amazon), c’est inutile contre les pirates, c’est un surcoût pour le livre et c’est anticommercial vu l’expérience client engendrée.
J’ai beau fouiller, je n’ai rien lu de détaillé sur l’excellent rendu de la page de titre chez ePagine. On pourrait en avoir le code, ô indispensable LEC ?
Si je donne tout mes secrets, qui va m’engager pour lui faire un bel ePub 😀
Je t’envoie un exemple rapidement par e-mail, c’est un peu trop technique pour le mettre simplement sur le blog.
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