Bonjour lecteur,
Aujourd’hui n’est pas coutume, je ne parlerai pas d’un livre en particulier (au final si mais pas de décorticage en bonne et due forme car le livre n’est pas encore disponible). Je vais te parler de l’ePub « amélioré », le résultat de la prochaine norme de l’ePub, troisième du nom.
Cette nouvelle norme, incluant HTML5, CSS3 et javascript, va nous valoir dans les mois à venir de « superbes » produits, au final bien inutiles dans 90% des cas.
Attention, loin de moi de critiquer cette nouvelle norme permettant animations, interactions, musiques, vidéos et autres joyeusetés technologiques. Au final, on aura une application iPad qui n’est pas une application. (Pour les amateurs, jeter un coup d’œil sur le Dracula de Bram Stoker ou le Alice au Pays des Merveilles Lewis Carol dans votre iTunes préféré). Pour tout lecteur qui se respecte, dont tu fais partie, le résultat est peu probant lorsqu’il s’agira de lire ton roman favori. Une fois dépassé le coté amusant, cela devient vite énervant et perturbant pour la lecture.
Il y a un buzz actuellement sur la toile francophone à propos de la réalisation du Studio Walrus et d’un projet d’ePub 3 nommé KADATH, guide de la cité inconnue . Bien que je leur reconnaisse une prouesse technique évidente, je m’interroge sur l’intérêt, que toi, lecteur, tu pourras trouver dans cette nouvelle technologie.
Tout d’abord, assimiler pages Safari zippées et ePub3 est une escroquerie intellectuelle. Car si iBooks peut en effet lire certaines commandes de HTML5 et CSS3, il n’est pas encore du tout ePub3 compliant. De plus, ePub3 n’est pas encore sorti officiellement même si sa version actuelle est quasi définitive. Et enfin, n’oublions pas qu’ePub est différent d’HTML5 : il intègre des instructions en plus telles les fameuses oeb-page-head et oeb-page-foot. C’est pourquoi des simples moteurs et rendus web ne suffisent pas pour se réclamer de l’ePub, quels que soient les amusements Javascript et fixed-layout qu’on mettra dans un epub pour faire hype.
Dommage encore de voir un standard détourné, pour faire plaisir aux programmeurs, et devenir… un format propriétaire. Des ePubs modifiés pour ne tourner que sur une seule machine, ce ne sont plus des ePubs, mais des applications. Une situation qui rappelle furieusement la guerre des navigateurs quand les sites web étaient conçus pour ne tourner que sur une version bien précise d’IE et pas les autres navigateurs. Avec les ravages et la segmentation que l’on a vus. Devrons-nous attendre un Firefox du livre électronique ?
Car en dehors de certains secteurs niches comme l’amusement, les livres pour enfants, les livres informatifs et éducatifs, le roman, notre lecture préférée, reste bien pantois face à cette débauche de technologie bien inutile, qui rappelle les expériences d’il y a 10 ans avec les CD-Rom. Rares sont les eReaders à même de traiter ce genre d’information. Et encore plus rare le lecteur amusé par des questions-jeux, au risque de pénaliser la suite de la lecture. Sans compter que Lovecraft, peut-être le plus intellectualisant et le plus littéraire de tous les auteurs fantastiques, s’accommodera certainement assez mal de distractions en cours de lecture (remarque purement subjective, admettons).
Alors, le roman enrichi, des livres pour ceux… qui ne lisent pas ?
Je me souviens de ma jeunesse et des Livres dont vous êtes le héros ; là j’y aurai vu un grand intérêt. Les livres-jeux pour mes enfants également, bien que je préfère privilégier mon interprétation (pour le plus grand plaisir des petits). Les livres pratiques (tourisme, bricolage, cuisine…), avec liens de références et vidéos explicatives sont un autre grand débouché pour cette technologie.
Mais si le roman de demain correspond à cela, je retournerai au livre papier !
Que la puissance de l’ebook t’offre le monde.
Ha bravo, et merci de le dire ! Je suis d’accord à100%. Si seulement on l’entendait un peu plus, au lieu de cette déferlante d’enthousiasme fourvoyé pour les applis-ipad-qui-se-font-passer-pour-des-ebooks… Je fais tourner.
La suite http://www.walrus-books.com/2011/06/11-ideas/
Merci Banux.
Walrus, voila une bonne liste, mais reste à voir si les éditeurs s’y attelleront ou fonceront avec leurs mauvaises idées préconçues de l’ePub 3
Rhooo, faut pas s’énerver! 😉 On tente des choses, c’est normal. Et puis pour les Livres dont vous êtes le héros (de mon enfance aussi), on y travaille. Et on t’en enverra un dès que c’est prêt. Bisous.
Ce qui m’énerve, c’est le buzzz fait par la blogosphère.
Ce qui m’énerve, c’est l’idée fausse que se font les éditeurs de l’ePub 3.
Ce qui m’énerve, c’est la quasi obligation de passer par la pomme pour que cela marche (pour le moment).
Ce qui m’énerve, c’est que ces tests sont pour beaucoup le standard.
Sinon je suis qqn de très calme.
Et si je possède le medium adéquat, je me ferai un plaisir de décortiquer un « Livre dont vous êtes le héros » (ou autre)
Même si j’ai d’abord été très enthousiaste (comme tout le monde apparemment) par rapport à l’idée d’un « livre dont vous êtes le héros » sur support numérique, à la réflexion je me demande quel type de public ça peut intéresser. Ok c’était rigolo quand on était gamins, mais maintenant les RPGs très bien écrits sont légion et déjà transportables sur console de poche.
Et pour ceux qui privilégient l’imagination, il y a fort à parier qu’ils sont déjà impliqués dans des jeux de rôle de table, moins limités et plus conviviaux.
Du coup qui reste-t-il ?
@Jules : tout ce qui ne requiert pas d’imagination mais d’information : le livre de cuisine avec la préparation en vidéo, un livre sur Elvis avec des vidéos/musique, des guides touristiques avec cartes interactives, explications, informations, etc etc
Les livres dont vous êtes le héros sont la première référence qui m’est venue à l’esprit en imaginant un ePub amélioré, mais il est vrai que c’est sur base de ma « jeunesse ». Mais les jeunes d’aujourd’hui, entre leurs consoles, les jeux onlines, leur smartphone, …
Le goût de la littérature et de l’imagination s’acquiert par l’éducation, donc mes enfants aimeront ce genre de livre (ou pas, mais au moins ils aimeront lire lol)
Ah au temps pour moi, comme j’ai toujours autant aimé (et estimé) la littérature que les jeux vidéos, j’oublie souvent qu’on est censés élever l’un et conspuer l’autre 😉
Mais en effet je parlais des livres dont vous êtes le héros seulement. Il faudrait que je me sois sacrément perdue sur Internet pour tomber ici et ne pas savoir à quoi pourrait servir le livre « enrichi » (ou quelque soit le nom qu’on lui donne cette semaine).
Je vous rejoins cependant dans l’idée que l’utilité de ces gadgets pour les romans reste à prouver (trouver ?). Notamment parce que la narration intéractive/multimédia existe déjà, et que ça s’appelle le jeu vidéo.
« Je vous rejoins cependant dans l’idée que l’utilité de ces gadgets pour les romans reste à prouver (trouver ?). Notamment parce que la narration intéractive/multimédia existe déjà, et que ça s’appelle le jeu vidéo. »
Tout à fait d’accord (ainsi qu’avec le commentaire ci-dessus du LEC citant ses motifs d’énervement ;)) et c’est cette confusion entre livre et jeu vidéo / app qui me dérange. Non pas parce que je conspue l’un ou l’autre 😉 mais simplement parce qu’un jeu vidéo ou app est autrement plus exigeant en termes de support de lecture, et pour moi un « ebook » qui ne peut être lu que sur une tablette –et encore pour l’instant même pas n’importe quelle tablette mais uniquement un ipad, avec l’app d’Apple et dans des conditions précises (mise en page verrouillée en mode portrait par ex.), et non pas une liseuse à e-ink, voire un smartphone, ni même une tablette Android ni même un iPad mais en passant par Bluefire Reader… ou le support que l’on veut– cet « ebook » n’en est plus un. Je dis pas que c’est moins intéressant pour autant simplement c’est autre chose ; appelons un chat un chat et arrêtons d’appeler des apps pour iPad des ebooks !
Il y a des questions fondamentales de standardisation de format et d’accessibilité / compatibilité à garder en tête (sinon à quoi ça sert d’avoir un format « standard » ?), et qui sont beaucoup trop importantes pour les écarter sans même y penser.
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Pourquoi ne pas passer franchement de la notion de fichier à la notion de références et chose achetée ou pas ?
C’est à dire mise en place d’une alternative non monopolistique de
publication sur internet avec achat à l’œuvre offrant une vraie plus
value à acheter par rapport à pirater (j’ai acheté ça ça marche et puis
c’est tout, je ne m’occupe d’aucun fichier, copies, backups, etc,
concept atawad), ce qui quoi qu’on en dise à plus ou même beaucoup plus à
voir avec le besoin d’une nouvelle fonction et séparation des rôles
qu’avec des questions techniques (cf web en place) :
http://iiscn.wordpress.com/2011/05/15/concepts-economie-numerique-draft/
Ou texte (2007) :
http://iiscn.files.wordpress.com/2011/03/copies_licences.pdf
Le web est vieux, pourrait on voir de nos jours émerger un nouveau rôle qui ne tenterais pas de prendre une position monopolistique ou tout au moins dominante?
Sur le papier ce genre de rôle est intéressant, mais suppose également une hyper connectivité et une dépendance à un service qui gèrerait tout pour l’utilisateur, avec un coût pour celui ci.
Personnellement je préfère me battre avec mes fichiers et backup que de perdre mon indépendance et ma liberté d’utilisation.
(où il me manque des éléments de votre analyse : )
Pas forcément, à mon avis beaucoup plus simple que ça en a l’air (enfin pas évident non plus bien sûr), mais en gros besoin de passer d’une approche « fichiers et copies » à « j’ai acheté ça ou pas, si oui ça marche et puis c’est tout, quelque soit ma machine actuelle ou future », peut-être mieux expliqué dans le texte ci-dessous (2007) :
http://iiscn.files.wordpress.com/2011/03/copies_licences.pdf
C’est d’ailleurs ce que mette plus ou moins en place les apple, amazon, gg, en versions « verticales » et quasi monopolistiques, et avec derrière les buzz words « cloud et compagnie », souvent le fait que l’on n’arrive même plus à vraiment partager des espaces de références communs (comme les ISBN pour les livres par exemple).
Sans oublier qu’une forme de publication peut aussi être un site web, à ce sujet personnellement je suis persuadé que le principe « achat en une fois à vie (accés à) » (dans l’esprit, garantie 5 ans ou quelque chose comme ça point de vue légal), fonctionnerait beaucoup mieux que l’approche abonnement : qui voudrait gérer un abonnement pour chacun de ses bouquins ? Par exemple les éditions du dictionnaire le robert on des offres abonnements pour leurs dictionnaires, je suis sur que des offres « achat à vie petit robert 2012 à 10€ 15 ou 20€ » fonctionneraient mieux (cad d’un point de vue économique pour eux, et possibilité achat « upgrade »), mais pour cela le rôle de l’entité « s’occupant de l’étagère » doit être clairement séparé des entités éditeurs et vendeurs de contenus (le problème de « friction » des multiples login/passwrd ou autres numéros pas une légende, d’ailleurs leitmotiv de M Zuckerberg par exemple).
Après quelques protocoles à définir certes, mais pas tant que ça.
Sur les aspects connectivités, si copie d’une oeuvre en cache sur machine courante, accés direct, (et capacité si on sait que déconnecté pendant un moment de dire « garde ça et ça en cache etc, points vert ou rouges sur les icones du « finder bibliothèque » ou quelque chose comme ça, finder affichant lui toujours strictement la même chose, structures de rangement utilisateur incluses) sans compter qu’avec html5, la différence « app ou livre téléchargé », et sites, tend pas mal à disparaitre.
Par contre cela impliquerait clairement de fortes contraintes légales de confidentialité pour les « tenanciers de bibliothèques personnelles de licences contrats » :
http://iiscn.wordpress.com/2011/07/06/trafiquotages-pseudo-modernes-customer-retention-et-toute-cette-crasse/
Et nécessité de plusieurs organisations jouant ce rôle avec possibilité de déménager de l’une à l’autre avec sa bibliothèque, car sinon pas de vraie relation de confiance possible.